Cette collection fait référence à un moment fondamental et pourtant méconnu dans le parcours du couturier, moment qui lui a ouvert des voies artistiques libres, abolissant les frontières solennelles de la haute couture, de la bienséance et même du prescriptif bon goût.
Anthony Vaccarello a voulu rendre hommage à cette indépendance d’esprit, libératrice, pulsionnelle, une énergie comme un grand souffle qui s’affranchit du qu’en-dira-t-on. Cette collection est un désir d’émancipation, de reprendre le fil d’une séduction subversive, parole essentielle que l’on tend à faire taire, mais que la Maison considère comme la plus précieuse confidence. Il y a cette femme, singulière dans son inventivité vestimentaire, aussi désinvolte que précise. Qui trouble par les paradoxes de son attitude autant masculine que glamour. Qui scandalise comme elle aimante. Qui fait des antagonismes une harmonie : Franchises de coupes, radicales, c’est le propos. Vestes et blazers classiques dont la structure tranchante affirme la dissolution des genres, ce qui est acquis ici depuis longtemps. Lignes austères contre révélation des courbes. Dissonances des couleurs que la Maison sait unir depuis toujours. Les fleurs imprimées sont exhumées des archives et plus agressives que jamais. Pantalons compétents tout autant que dilettantes. Accessoires en tension de silhouettes, plus qu’ornementaux, bien sûr. Austérité classique contre baroque sanguin. Le bleu et le rouge Paloma comme des ponctuations nécessaires. Longueurs très longues, parce que se montrer aujourd’hui est un art. Faux semblants très bourgeois à remettre au goût du jour. Plus qu’un sac, une gestuelle significative. «Depuis longtemps, je voulais transposer cette rencontre entre Paloma Picasso et Yves Saint Laurent, dont peu mesurent l’importance dans le cheminement créatif du couturier. Moment auquel je suis sensible en tant que créateur, car pour moi c’est le moment déterminant où Saint Laurent ne fait plus de la mode mais crée un style.» explique Anthony Vaccarello.