Cette collection imaginée par Maria Grazia Chiuri s’inspire des créations de l’artiste Niki de Saint Phalle (1930-2002). Elle fait également référence à Marc Bohan.
En se plongeant dans les archives Maria Grazia Chiuri, Directrice Artistique des collections féminines de la Maison Dior a été interpellée par une série de photos de Niki de Saint Phalle une artiste peintre, plasticienne franco-américaine des années soixante, qui fut également mannequin. Sur l’une d’entre elles, on la voit à dos de chameau ; sur d’autres, elle pose pour Dior, à l’époque de Marc Bohan, son grand ami, alors à la tête des créations de la Maison. Incarnant la beauté de son temps, menue et forte, plus adolescente qu’androgyne, elle affirme un style vestimentaire à la fois iconique et personnel, actuel et impertinent. À l’époque de l’émancipation de la femme, Niki de Saint Phalle se lance dans un corps à corps avec l’art, le monde et elle-même. Comme tous les artistes, elle est portée par ses émotions. C’est cette créativité au féminin qui parle immédiatement à Maria Grazia Chiuri qui pense qu’il est nécessaire de redonner leur place à ces artistes différentes et uniques, car ce sont elles qui transgressent le discours traditionnellement masculin de l’histoire de l’art et de celui de la mode. Elle apprécie le parcours de vie de cette femme d’une apparente désinvolture qui assumait ses prises de risques, et dont l’art s’est développé dans plusieurs directions.
Pour cette collection, ce sont les «Nanas», ces sculptures de femmes hors normes sorties de l’enfance, libérées de toute sentimentalité et rêve de mariage, indépendantes et joyeuses mais aussi les cœurs bariolés, les dragons, l’arbre de l’amour et cette œuvre démesurée et délirante, «Le Jardin des Tarots» en Toscane, qui ont inspiré Maria Grazia Chiuri. Ses modèles aux multiples identités, mêlent habilement le masculin au féminin. Elle fait dialoguer élégamment matières brutes et délicates, jouant avec l’opacité et la transparence des matières : dentelle, soie, cuir, denim, tulle… A l’œil c’est artistique, d’avant-garde, novateur, un brin bohème. On adore les bijoux riches en couleurs inspirés des sculptures de Niki : bagues serpents, sautoirs au pendentif cœur ou encore boucles d’oreilles Dior Tribale ornées de mosaïques multicolores, dont chaque pastille a été fabriquée par un artiste verrier basé à Murano. On aime les souliers qui offrent une démarche libérée : les bottes hautes parées de lacets à résilles noires et argentées, les babies noires vernies ou décorées de broderies miroir. Pour les sacs, Maria Grazia Chiuri a même imaginé un Lady Dior à l’esprit sixties à carreaux noirs et blancs. Elle a aussi revisité la toile Dior Oblique créée par Marc Bohan dans les années soixante dix, pour concevoir un cabas à porter avec décontraction. Cette collection, fait d’ailleurs référence au couturier et ses petites robes et combinaisons, parfois associées à des jupes amples ouvertes à l’avant. Ce sont aussi des gros pois, des carreaux noirs et blancs, des pantalons portés avec des vestes ou des sahariennes, associés, selon l’humeur, aux chemises masculin aux rayures fines, à pois ou d’un blanc romantique : autant d’emprunts au vocabulaire du talentueux créateur. Cette collection Printemps-été 2018 est empreinte de l’agitation effrontée des années sixties qui marqua une rupture radicale avec la mode des années cinquante. Cette période a bousculé les comportements vestimentaires féminins prônant une mode plus ludique et qui fut source d’influences pour les décennies qui ont suivi.